Résumé
Jusqu’à l’établissement de relations diplomatiques entre la Chine et le Canada en 1970, le gouvernement canadien avait une connaissance limitée de la Chine. Dans ce contexte, les universités canadiennes, y compris celles du Québec, constituent dans les années 1960 et 1970 un lieu privilégié, tant pour l’avancement du savoir scientifique sur la Chine que pour favoriser les échanges entre divers interlocuteurs, étatiques ou non, des deux pays. Les universités contribuent en effet à faire circuler des personnes et des idées, au-delà et en deçà des cadres définis par l’État, durant une période où le dialogue interétatique entre la Chine et le Canada reste limité. L’intérêt universitaire envers la Chine ne se limite pas à l’élite anglophone. Dans le cas du Québec, des universitaires francophones comme Paul Painchaud se préoccupent davantage de la possibilité de mettre la recherche, dont celle sur la Chine, au service du développement des relations extérieures du Québec. En 1968, année de naissance du Comité québécois pour l’avancement des études sur la Chine et les autres pays d’Asie, et du Parti québécois, l’établissement des relations étatiques avec la Chine est encore inimaginable. La contribution de Paul Painchaud sera cruciale dans leur développement. En nous penchant sur les universitaires du Québec qui s’intéressent à la Chine durant ces années, nous essayerons de comprendre leurs motivations et leurs actions, ainsi que le pouvoir du savoir dans les relations interétatiques et dans la construction d’une identité québécoise à travers la reconfiguration de ses rapports avec l’Autre dans la foulée de la Révolution tranquille.