Résumé
Depuis 2010, plusieurs personnalités publiques déclarent leur diagnostic d’autisme et en font une composante clé de leur image. De 1995 à 2005, une série analogue de «sorties du placard» concernait plutôt des diagnostics de troubles d’apprentissage, comme le TDAH ou la dyslexie. Ces moments médiatiques sont la pointe de l’iceberg d’une transformation plus profonde des significations et des usages sociaux, politiques et identitaires de ces diagnostics depuis 1975. Les associations de parents d’enfants diagnostiqués sont au cœur de cette transformation, mais leur rôle politique demeure peu étudié.
Cette communication abordera ces associations pour réfléchir à leurs interactions avec le monde politique. Plus spécifiquement, nous comparerons les stratégies divergentes adoptées par la Fédération québécoise de l’autisme (FQA) et l’Association québécoise des troubles d’apprentissage (AQETA) entre 1975 et 2020. L’objectif sera de montrer en quoi ces stratégies divergentes s’expliquent, dans les deux cas, par une volonté de participer aux échanges politiques qui concernent l’autisme et les troubles d’apprentissage. Nous chercherons donc à interpréter l’agentivité de ces mouvements associatifs face à des structures et un contexte politique établis. Pour ce faire, l’analyse se basera principalement sur l’analyse des revues et des archives internes des deux associations. Ces documents, qui contiennent des textes de différentes provenances, sont particulièrement riches pour montrer comment le discours des associations dites «de parents» est façonné par le contexte politique. De façon complémentaire, nous mobiliserons également des données tirées d’entrevues menées auprès d’acteurs associatifs.