Résumé
Depuis environ 1980, nombre de fictions spéculatives du Québec (SFQ) ont dépeint des uchronies et des univers parallèles dans lesquels le passé du Québec est faussé, re-cartographié, ou même entièrement effacé, conduisant à des présents à peine reconnaissables et à des avenirs très divergents. Que ce soit dans un monde où la magie a changé la conquête européenne des Amériques, ou dans un monde où l’oubli du passé efface littéralement la réalité, des auteurs se sont demandé à quoi ressemblerait l’histoire si les événements s’étaient déroulés différemment. D’autres universitaires, ceux-là, ont fait œuvre de politique-fiction en se posant les mêmes questions. Se demandant à quoi ressemblerait l’Amérique du Nord si le Québec avait accédé à l’indépendance après les référendums de 1980 ou de 1995, la constatation est plus souvent qu’autrement un monde pire que le nôtre. Qu’il s’agisse de satire ou d’allégorie, ce Québec-qui-aurait-pu-être montre des régimes politiques stagnants et des milieux culturels médiocres. Faisant écho aux pensées les plus alarmistes des économistes et des politiciens s’imaginant un Québec indépendant, ces fictions néanmoins se demandent rarement si le colonialisme de peuplement en Amérique du Nord est légitime et quelle histoire doit-on raconter.