Résumé
Au Québec comme en France, les monographies dites de paroisse connaissent un véritable essor du dernier tiers du 19e siècle jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Au 20e siècle, la publication de guides méthodologiques pour encadrer cet engouement devient nécessaire. Ainsi, le Bulletin des recherches historiques reproduit en 1912 une lettre publiée en France qui explique au clergé comment rédiger de telles monographies. En guise de présentation, Pierre-Georges Roy relaie l’appel aux curés québécois en les incitant à faire de même. Or, la monographie de paroisse se situe au cœur d’un conflit de mémoire et de méthodologie en France, opposant une vision civique – la localité – à une vision religieuse – la communauté catholique – de la paroisse. Depuis les années 1880, instituteurs laïcs et notables locaux sont invités à rédiger des monographies communales alors que la hiérarchie catholique produit plusieurs guides pour valoriser l’histoire des institutions religieuses locales. On voit là se déployer un conflit entre deux attachements identitaires: la localité et la république, d’une part, l’Église et ses liens communautaires, d’autre part.
Mais qu’en est-il au Québec? Comment le clergé a-t-il répondu à cet appel? Contrairement à la perception que les monographies dites de paroisse sont surtout l’œuvre de curés, les données de publication démontreraient plutôt une différenciation entre les univers civils et religieux similaire, mais à un degré moindre, à la tendance observée en France. Bref, l’examen de ces monographies révèle des aspects intéressants de la relation des communautés québécoises avec leur passé.