Simon Provost
Le mouvement indépendantiste québécois revêt une importance capitale dans l’histoire politique du Québec de la Révolution tranquille. Malgré son importance, le mouvement n’est jamais unifié idéologiquement, ce qui se reflète dans la façon de le nommer. En effet, les termes souverainiste, séparatiste, indépendantiste et sécessionniste ont tous été utilisés pour le décrire dans les revues intellectuelles québécoises, lieu privilégié de la circulation des idées. Ces quatre termes ont des définitions semblables et réfèrent tous au mouvement voulant faire du Québec un pays, pourtant ils sont souvent utilisés de façon différenciée. Les différents sens accolés à ces termes sont influencés par les nombreuses idées qui circulent durant la Révolution tranquille, dont le néonationalisme, qui naît à l’époque, et l’autonomisme, mais aussi par des idées venues de l’international, comme les idées décoloniales. Ces idées ont un impact direct sur la façon dont les termes souverainiste, séparatiste, indépendantiste et sécessionniste sont utilisés et compris. Les significations différenciées accolées à ces quatre termes par les intellectuels, indépendantiste ou non, qui les utilisent servent des buts politiques, voire performatifs, dans le but de connoter, positivement ou négativement, le mouvement indépendantiste et le projet qu’il porte. Cette communication propose donc de retracer les différentes significations associées à ces termes dans les revues intellectuelles québécoises, de 1957 à 1970, ainsi que d’expliquer les influences intellectuelles, locales et internationales de ces significations qui s’inscrivent dans le cadre large de la circulation des idées au Québec.