Résumé
Romain Dispans
On a souvent pensé que les protestants français étaient interdits en Nouvelle-France. Contrairement à ce qui se passait aux Antilles, ils n’y faisaient pourtant pas l’objet d’une répression systématique et ils étaient tolérés, du moment qu’ils se comportaient comme des « catholiques sans scandale », comme le prévoient les Règlements généraux de police faits par le Conseil souverain de Québec. C’est ainsi que des hommes, des femmes et des familles entières d’Aunisiens-Saintongeais baptisés au temple de La Rochelle gagnèrent le Canada. Dès lors, quelles furent les modalités de leur intégration à la société coloniale catholique? Alors qu’il arrive de trouver des traces de clandestinité cultuelle dans les registres paroissiaux et les actes notariés (inventaires après décès, donations, testaments), la majorité de ces émigrant.e.s adopta un comportement catholique, quelquefois jusqu’à l’excès, afin de s’intégrer. D’autres ont refusé l’abjuration et ont quitté la colonie. Pragmatique, la religiosité populaire faisait fi des barrières confessionnelles, au point que conversion et enracinement étaient intrinsèquement liés.