Résumé
Bien que le bilinguisme soit au centre des principes de l’Université d’Ottawa depuis sa fondation en 1848, lorsque la Faculté de médecine est créée à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, c’est l’anglais qui est choisi comme seule langue d’enseignement. À l’époque, même s’il y avait déjà longtemps que l’institution catholique dirigée par les Oblats de Marie-Immaculée avait adapté son idéal d’éducation intégralement bilingue et biculturelle aux résistances de la majorité anglophone, elle était réputée faire une part belle à la langue française et aux francophones. Au moment de mettre sur pied sa Faculté de médecine en 1945, l’orientation linguistique de l’Université allait toutefois se heurter aux attentes d’une profession médicale élitiste et exclusive. Si les réformes éducationnelles entreprises par la médecine organisée nord-américaine dans la première moitié du 20e siècle avaient débouché sur une formation plus rigoureuse et standardisée, elles avaient aussi engendré une profession d’autant plus masculine, blanche, protestante et anglophone. Il faudra attendre une cinquantaine d’années, précisément 1995, pour voir émerger un volet francophone au programme d’études médicales de premier cycle de l’Université d’Ottawa, et il faudra encore attendre le début des années 2010 pour que l’existence de ce volet soit confirmée. En se basant à la fois sur la recherche en archives et sur les méthodes de l’histoire orale, cette communication explore l’évolution de la tension entre le fait français et la culture médicale, ainsi qu’entre l’identité francophone et l’identité professionnelle au sein de la Faculté de médecine de l’Université d’Ottawa de 1945 à 2013.