Catherine Lampron
Les personnes esclaves de Montréal vivent dans une ville où le commerce, la production artisanale, la préparation d’expéditions militaires, la construction des fortifications ou encore la reconstruction de la ville à la suite d’incendies occupe les habitants. Faisant partie intégrante de cette effervescence, les individus asservis sont appelés à se déplacer pratiquement partout dans la ville, et même vers la campagne.
Dans le cadre de cette communication, nous analysons les principaux facteurs qui caractérisent cette mobilité : le motif du déplacement et le genre de la personne esclavisée. Selon les archives judiciaires et notariales dans lesquelles apparaissent les esclaves, le motif principal de déplacement est la volonté des propriétaires. D’abord, l’achat ou l’obtention par don de l’individu arrache ce dernier à son lieu d’origine et l’emmène jusqu’à Montréal, ou dans certains cas force son déménagement vers un autre domicile de la ville. Les esclaves sont également très mobiles dans le cadre du travail qu’ils accomplissent pour leurs maîtres, et ce, sur des distances variables. Nous observons également une différenciation genrée concernant cette mobilité, qui est d’ailleurs due aux tâches accomplies par les hommes et les femmes esclaves. Ces dernières, travaillant majoritairement comme domestiques dans les maisons, sont moins mobiles que les hommes. Enfin, nous explorerons les déplacements autonomes des personnes esclavisées afin de mieux comprendre dans quel contexte elles réussissent à se tailler une marge d’autonomie. En examinant la mobilité des esclaves montréalais, nous tentons de faire davantage de lumière sur le quotidien de ces individus longtemps invisibilisés et de mieux cerner la place qu’ils occupent dans leur milieu de vie.