Éric Roulet
Au 17e siècle, les Français conquièrent de nombreuses îles de la Caraïbe : Saint-Christophe, à la Martinique, à la Guadeloupe… Des colons et des engagés font la traversée de l’Atlantique pour s’installer, sous l’autorité des compagnies mandatées par le pouvoir, et se consacrer à la culture du tabac puis de la canne à sucre. Cependant les colons se fixent-ils? Les documents notariés comme des chartes parties ou les témoignages de colons et de missionnaires attestent que de nombreux navires naviguent entre les différentes îles de l’espace français, et au-delà, pour échanger des marchandises. Mais qu’en est-il des hommes? L’envie peut être forte de tenter sa chance un peu plus loin, à la Tortue, sur la côte de Saint-Domingue, voire dans les îles étrangères anglaises ou néerlandaises quand on n’est pas satisfait de sa situation. Des Français récemment arrivés, ou plus tardivement venus, changent ainsi de lieu. Un colon n’est pas un individu qui se fixe. Nous nous proposons ici de regarder quels sont les ressorts de ces mouvements afin de questionner en creux la politique de peuplement des îles par les Français et leur occupation de l’espace. Plusieurs pistes peuvent être ainsi explorées. Il y a une période d’adaptation nécessaire, plus ou moins longue, faite de tâtonnements et d’indécision dans la vie d’un colon, mais qu’est ce qui décide à se déplacer, des opportunités ou des difficultés? Quelle est l’ampleur du phénomène? En quoi peut-il affecter les implantations françaises et comment les autorités sont-elles localement intervenues pour enrayer ou contrôler le phénomène?