Résumé
Mahdi Khelfaoui
S’appuyant sur une base de données incluant l’ensemble des professeurs détenteurs d’un diplôme de doctorat (N = 3 291) qui ont été à l’emploi d’un département de sciences sociales dans une université québécoise entre 1900 et 2020, cette communication propose une analyse quantitative et longitudinale des embauches des professeur.e.s d’université dans le champ des sciences sociales au Québec (principalement en sociologie, science politique, économie, géographie, anthropologie, communication, psychologie/psychoéducation et travail social). L’analyse montre que la langue d’enseignement (français ou anglais), la situation géographique (métropoles ou régions) de l’université d’embauche et le prestige perçu des universités d’obtention du doctorat et d’embauche ont été et demeurent les principaux facteurs contribuant à la structuration du marché de l’emploi universitaire québécois en sciences sociales. L’analyse met également au jour un mouvement historique de « québécisation » des embauches qui débute à la fin des années 1960, atteint son apogée à la fin des années 1990, et connaît ensuite un recul au tournant du 21e siècle dans le contexte des discours sur l’internationalisation des universités. Par ailleurs, le degré d’internationalisation plus récent des embauches varie fortement selon les disciplines examinées. Ces variations peuvent s’expliquer par des facteurs tels que la nature des objets de recherche ou l’existence de liens entre disciplines et ordres professionnels locaux. L’analyse montre finalement l’existence d’une féminisation des corps professoraux qui, pour être différenciée selon les disciplines, est continue depuis la fin des années 1960.