Résumé
Le tumulte autour de Frontenac et de la présentation de la pièce de Molière, Tartuffe, au château Saint-Louis de Québec en 1694, fait partie des histoires bien connues de l’historiographie, mettant en évidence le conflit entre l’évêque, l’intendant et le gouverneur de la Nouvelle-France. Sous-jacente à cette histoire se trame toute la question des préséances et des pratiques légitimes dans la colonie française, dont les arts peuvent jouer un rôle de vecteur. Ainsi, parallèlement à la pièce Tartuffe – qui peut être mise en contraste avec les pièces édifiantes jouées au Collège des Jésuites de Québec –, s’ajoute le portrait peint de l’épouse du gouverneur en costume de Bellone, c’est-à-dire en déesse de la guerre – soit une représentation bien éloignée de l’effigie plus austère de Mgr de Saint-Vallier. Ces distinctions notables mettent indubitablement en relief des clivages culturels et intellectuels entretenus entre les personnalités les plus influentes de la colonie. De fait, indice significatif du statut revendiqué par le gouverneur, de multiples tableaux, des objets précieux ainsi que diverses curiosités trouvent place dans sa demeure de Québec, le raffinement, le luxe et les arts agissant comme autant de symboles de sa fonction de représentation royale. Il s’agit ici, par l’étude de ce décor et des activités culturelles liées au château Saint-Louis, de mieux saisir certaines dynamiques sociales ainsi que les interrelations de pouvoirs de cette époque coloniale.