Vincent Auffrey
Le Québec et la France, depuis les années 1980, ont pris des orientations différentes dans leur manière de traiter les déchets ménagers. Si la grande majorité du Québec a abandonné l’incinération des déchets dans les années 1990 pour prioriser l’enfouissement, ce mode de traitement domine en France. Malgré leur direction différente, ces trajectoires ont été en interaction et se sont influencées durant les années 1980 et 1990. À travers des voyages d’études, de la correspondance et des ententes de collaboration, les pouvoirs publics québécois et français, aux échelons municipal, régional et national, ont collaboré autour de la recherche de solutions au problème croissant du traitement de déchets ménagers, sans cesse plus nombreux en raison de la croissance économique, de l’urbanisation et de l’intensité des modes de consommation.
Cette communication propose d’étudier la circulation des savoirs environnementaux du secteur de la gestion des déchets entre le Québec et la France pendant les années 1980 et 1990, une période marquée dans ces deux nations par une consolidation des politiques publiques environnementales. Elle étudie les interactions entre des acteurs municipaux, comme des fonctionnaires de la Ville de Montréal, des acteurs nationaux, comme l’Agence nationale pour la récupération et l’élimination des déchets (ANRED), et des entreprises privées, comme Traitement industriel des résidus urbains (TIRU SA) des deux côtés de l’Atlantique. Mobilisant des documents issus de divers fonds d’archives situés en région parisienne et à Montréal, la communication montre l’influence de la mondialisation et de la pollution sur la fabrique des politiques publiques environnementales.