Résumé
Maxence Terollion
Lorsqu’en 1744 les Mohicans demandent à se déplacer sur le territoire de la Nouvelle-France pour se rapprocher de leurs alliés, ils participent, sans le savoir, à une entreprise plus large de déplacements des communautés autochtones le long des frontières impériales. En effet, depuis 1713, l’alliance, autrefois outil militaire et prérequis aux relations économiques, évolue pour devenir un argument dans les revendications territoriales européennes : l’espace occupé par l’allié est désormais compris dans les limites des empires. À un moment où la présence autochtone apparaît comme un point crucial des luttes coloniales, la mobilité des communautés exercée entre les empires devient une nécessité autant qu’une crainte. Elle apparaît autant comme une manière de transformer les frontières que comme un risque de voir ces mêmes espaces se déliter. Dans un contexte où la démographie de la Nouvelle-France ne lui permet pas d’occuper via sa population coloniale les territoires qu’elle revendique, l’alliance avec les groupes autochtones devient un enjeu clé dans les discussions entre trois participants majeurs : les Français, les Britanniques et les villages autochtones. Notre communication s’attardera donc sur la problématique de la mobilité et des discussions qu’elle crée afin de voir comment la colonie française tente d’incorporer ces groupes dans ses projets impériaux ainsi que les limites de cette instrumentalisation des alliances. L’objectif ne sera pas seulement de questionner le projet européen mais aussi de faire ressortir les perspectives autochtones et de montrer les oppositions qui peuvent se former entre les prétentions versaillaises et les réalités des communautés.