Résumé
Comme une grande partie de la capitainerie de Grão-Pará (aujourd’hui Amapá, au nord du Brésil), où travaillent des esclaves, borde la Guyane française, le déclenchement de la Révolution française et de la Révolution haïtienne suscite une grande inquiétude au sein des autorités locales et métropolitaines portugaises. Avant même les révolutions, la fuite des esclaves était fréquente. Comme l’historien José Alves de Souza Júnior nous l’informe, une lettre datée du 19 février 1765 parle de 51 fugitifs dus à des mauvais traitements dans la construction de cette forteresse. Certains documents indiquent la présence à Amapá et aussi à Belém d’officiers français chargés de ramener les noirs à Cayenne. Après l’abolition de l’esclavage par la Révolution française, les autorités redoutent la diffusion des idées françaises dans les colonies. Le 7 février 1796, par exemple, un grand nombre d’esclaves et d’affranchis qui se sont rassemblés à Belém pour «gonfler les autres esclaves vers la liberté». Les autorités de Grão-Pará évoquent également l’inquiétude que les Français de Guyane devront combattre une « rébellion noire ». Il existe également des archives d’un groupe de propriétaires d’esclaves de Guyane, Jacques Carmel, Du Gremoullier et Sahut, qui ont cherché refuge à Grão-Pará.
Nous faisons l’hypothèse que l’abolition de l’esclavage à la Révolution française a intensifié la contestation raciale dans le nord du Brésil à cause de la frontière avec la Guyane et, dans le même temps et de manière disproportionnée, a intensifié la répression du gouvernement colonial. Aux frontières entre le Brésil et la Guyane, la contre-révolution était plus forte que la révolution elle-même. Cette communication vise à montrer comment les impacts de la Révolution française sont présentés et représentés dans les lettres officielles des autorités locales et métropolitaines, pour la plupart présentes dans les Archives publiques de Belém, Pará. Cette documentation n’a pas encore été étudiée, et une partie reste inédite.