Les communautés d’expression française en situation minoritaire partagent avec les sociétés autochtones une histoire marquée par le colonialisme britannique qui continue à se manifester par une marginalisation dans la sphère publique et dans le discours politique anglo-dominant. Toutefois, les relations entre francophones et autochtones ne sont pas harmonieuses pour autant; elles sont elles-mêmes marquées par le passé colonial et une dynamique d’oppression par des institutions religieuses auxquelles les francophones ont apporté une contribution importante par le passé. Ceci mène à des tensions, insécurités et difficultés de collaboration dans un présent marqué par une tentative de reconnaissance de l’héritage d’un passé contesté qui rend toute tentative de réconciliation difficile.
Dans ce contexte, une variété de discours se font jour qui exacerbent ces tensions. On l’a vu ces dernières années dans l’élaboration de programmes d’enseignement, dans des controverses toponymiques à Calgary et Edmonton, ainsi que dans le vécu d’organismes communautaires de la francophonie qui vivent parfois difficilement les dissonances entre commémoration de pionniers francophones et reconnaissance des torts causés aux sociétés et cultures autochtones. Cette présentation fera ressortir, par l’étude de quelques controverses récentes au sein du discours médiatique, ainsi que de sources historiques, ces tensions entre mémoires divergentes afin d’identifier quelques pistes constructives de dialogue interculturel dans le contexte albertain.