Résumé
La Cour de bien-être sociale (CBES) est une cour de justice juvénile instaurée en 1950 pour remplacer la Cour des jeunes délinquants de Montréal (1912) et de Québec (1940). Elle doit appliquer les lois telles que la Loi des jeunes délinquants (1908) et la Loi relative aux écoles de protection de la jeunesse (1950). Cette cour de justice réaffirme et redéfinit les principes fondateurs de la justice pour mineurs, la probation, la réhabilitation ou la rééducation. Plusieurs historiennes ont examiné les traitements distincts des jeunes filles et des jeunes garçons dans les systèmes de justice juvénile québécois et canadien et conclu au caractère discriminatoire du traitement des jeunes filles. La CBES de Trois-Rivières n’a jamais été analysée dans cette perspective. Dans un premier temps, nous ferons une analyse comparative du type de sentence accordée par le juge aux garçons et aux filles. Dans un deuxième temps, nous ajouterons des paramètres de classes et de races à notre analyse quantitative des sentences. Nous brosserons de cette façon un portrait général de la délinquance juvénile à Trois-Rivières entre 1950 et 1960 à l’aide des dossiers de la CBES de Trois-Rivières. Nous verrons ainsi que les pratiques judiciaires de la CBES de Trois-Rivières s’inscrivent dans une tendance déjà vue ailleurs, même si certains éléments s’en éloignent à l’occasion. Notre recherche permettra d’observer les évolutions, les définitions et la structuration du système de justice juvénile trifluvien autour de la compréhension de la diversité des identités de genre, les dynamiques socio-économiques et les classes sociales. <