Résumé
Nicolas Lelièvre
L’historiographie canadienne a souvent, depuis le 19e siècle, exploité le thème de la migration. Pour les historiens nationalistes (Garneau, Groulx), la population fondatrice du Québec préindustriel serait majoritairement composée de Français catholiques. Dans les années 1960, le jumelage de l’histoire sociale aux résultats du Programme de recherche en démographie historique (PRDH) offre de nouvelles informations quant au passé des Canadiens. Les historiens prennent alors l’immigrant, français et britannique, comme objet de recherche et examinent leurs déplacements sur le territoire (Choquette, MacKay).
Bien que des recherches existent sur certaines minorités comme les Juifs (Anctil), l’historiographie, notamment au Québec, semble avoir négligé l’immigration allemande. Ce sont surtout les troupes auxiliaires, venues pendant la révolution américaine, qui occupent l’essentiel des ouvrages (Wilhelmy, Desrochers). Les études qui ont traité de la communauté allemande en dehors de cet événement restent peu nombreuses (Lehmann, Wagner). En l’état, il s’avère donc difficile d’apprécier l’histoire des populations de souche germanique, en particulier dans la province de Québec.
En retraçant cette immigration « allemande » entre les 17e et 19e siècles, cette communication présentera les résultats préliminaires de notre recherche doctorale. Dans un premier temps, nous reviendrons sur les sources mobilisées dans l’étude générale de ces populations et sur la méthodologie employée. Par la suite, nous traiterons plus en détail des données recueillies pour les périodes des régimes français (1663-1760) et britannique (1760-1867). Tout en brossant le portrait d’individus germaniques, chacune de ces parties examinera les politiques migratoires instaurées par les métropoles pour leur colonie nord-américaine, et leur rapport à l’Autre.