Résumé
Pour Yves Gingras et Robert Gagnon, les pressions exercées par les scientifiques entourant le projet de la Baie James ont favorisé la transformation de ce territoire en un immense «laboratoire de recherche écologique» qui a permis de cumuler un nombre impressionnant de données, dont celles sur les inventaires de sites archéologiques. Les années soixante-dix représentent un tournant important pour l’archéologie au Québec, en particulier depuis l’Entente biophysique de 1972. À lui seul, le projet du complexe La Grande a mené à la découverte directe de plus de 2000 sites archéologiques, sans compter des centaines d’autres lors de l’implantation des lignes à haute tension reliant le territoire nordique à l’écoumène du Saint-Laurent. Notre communication s’intéresse aux débuts des pratiques archéologiques sur les grands chantiers énergétiques dans les années 1970 au Québec. Elle analyse le processus de professionnalisation survenu entre 1972 et 1985. Quel est le contexte politique, législatif et disciplinaire qui encourage le développement de l’archéologie au Québec? Parmi les acteurs concernés (archéologues et firmes, universitaires, ministères, Ottawa, communautés autochtones, responsables politiques, etc.), quel est le rôle joué par Hydro-Québec (et la SEBJ) dans ce processus de professionnalisation? Les fouilles archéologiques initiées par Hydro-Québec mènent-elles à des découvertes scientifiques importantes? Alors que le projet du complexe La Grande oblige le développement d’une archéologie de sauvetage, nous verrons que les politiques internes d’Hydro-Québec, les études d’avant-projet réalisées par des firmes, les ententes avec les Autochtones et l’embauche d’un premier archéologue permanent à Hydro-Québec, créent un climat favorable à l’essor d’une archéologie professionnelle.