Résumé
En 1763, le Canada passe sous tutelle britannique. Bien que tout un pan de la noblesse canadienne quitte le territoire, une partie du groupe choisi de se rallier au nouveau régime. Pour eux, il s’agit de trouver une nouvelle place au sommet de la société malgré la perte des cadres légaux de leur noblesse. Pour continuer à exister, le groupe doit donc se réinventer et s’allier à l’élite britannique. Pour cela, il va tenter de trouver un équilibre entre un capital social, présenté comme ancien et respecté au sein de la société canadienne, attirant pour les anglophones nouvelles et peu insérées sur le territoire ; et l’acceptation de nouveaux codes culturels et sociaux qui leur permettent de s’intégrer à ces élites. Entre 1774 et 1815, ce processus de réinvention (voire d’invention) des traditions et des valeurs nobles a pour objectif de maintenir le statut d’élite distincte du groupe tout en démontrant son utilité sociale. Comment le groupe rallié réinvente-t-il ses traditions et réussi-t-il à maintenir un équilibre entre son besoin d’intégration aux élites britanniques et sa volonté de distinction? Dans cette communication, je répondrai à cette question à travers le prisme des relations entre la noblesse ralliée et l’élite britannique. Je traiterai de la capacité des nobles canadiens à présenter leur capital social ancien comme un facteur d’alliance avec l’élite britannique alors même que le processus «d’invention des traditions» se déroule en parallèle. Pour finir, je parlerai des modes d’intégrations de la noblesse canadienne au sein des élites anglophones, en particulier à travers la question de la culture matérielle.