Résumé
Alex Tremblay-Lamarche
Au cours de l’été 1868, le vélo fait son apparition à Québec. Dès ses débuts, il suscite de l’intérêt au sein de la population qui voit dans ce « cheval, toujours prêt, qui ne mange ni foin ni avoine » (Le Journal de Québec, 28 octobre 1868) un outil pour se déplacer. Toutefois, après avoir fait l’objet de plusieurs articles dans les journaux de la ville soulignant ce potentiel, le vélo s’impose plutôt comme un loisir bourgeois. Des clubs sont fondés, qui se révèlent davantage des lieux de sociabilité pour l’élite que des entités faisant la promotion d’un moyen de locomotion. Parallèlement, des courses sont organisées afin de faire du vélo non plus un outil de mobilité, mais un sport porteur des valeurs bourgeoises qui s’imposent à cette époque.
Cette communication propose de mettre en lumière la transformation de la perception du vélo au sein de la bourgeoisie de Québec, de l’apparition de ce moyen de transport à Québec en 1868 au premier événement cycliste d’envergure (la course de la Canadian Wheelmen’s Association) en 1896. Pour ce faire, elle s’appuie sur un dépouillement sélectif des six principaux journaux de la ville et de quelques fonds d’archives liés aux principaux cyclistes de l’époque (notamment l’horloger Cyrille Duquet) pour montrer ce changement de paradigme qui a amené le vélo à ne pas s’imposer comme le moyen de mobilité qu’il aurait pu devenir à ce moment. À l’aide de ces sources, analysées dans le cadre du développement d’une exposition sur la mobilité à l’Îlot des Palais, nous prouverons que cela s’explique notamment par le coût de ce moyen de transport, la manière dont il se popularise à Québec, et en raison des influences américaines, britanniques et françaises en matière de cyclisme.