Résumé
Dominique Laporte
Dans l’histoire de la Confédération, l’adoption de lois scolaires préjudiciables aux minorités catholiques de langue française alimente le débat sur l’avenir de ces groupes dans les provinces anglo-protestantes, tout en resserrant les liens de solidarité d’un océan à l’autre. De 1925 au début des années 1930, l’Université de Montréal organise annuellement un voyage dans l’Ouest, en partenariat avec la compagnie ferroviaire CPR. Documentée dans un fonds d’archives et dans la presse, ces excursions estivales n’ont pas fait l’objet d’études dans les travaux sur le récit de voyage. La troisième, du 9 au 30 juillet 1927, coïncide avec le soixantième anniversaire de la Confédération, lequel est une occasion de faire le point sur l’état de la nation. Tout en favorisant le tourisme national et l’industrie touristique naissante dans les Rocheuses, ce voyage vise un rapprochement entre Canadiens français et Canadiens anglais au nom de l’unité nationale. Or le discours patriotique tenu par les envoyés spéciaux des quotidiens montréalais est empreint de préjugés racistes contre les groupes marginalisés (Juifs, Autochtones, Noirs, immigrants chinois), ce qui s’avère symptomatique de la vision ethnocentrique de la Confédération (l’idée du pacte entre les deux peuples fondateurs) et, plus largement, du racisme ambiant au Canada pendant l’entre-deux-guerres.