Résumé
Joanne Burgess
Alors que l’historiographie reconnaît la contribution des migrations internes à la forte croissance démographique de Montréal au 19e siècle et à sa refrancisation, la connaissance des migrants eux-mêmes et de leur histoire demeure fort incomplète. Rares sont les études qui cherchent à reconstituer le contexte familial et socioéconomique prémigratoire d’individus qui ont quitté le monde rural pour la métropole. Nous croyons qu’une telle étude permettrait de déceler les facteurs qui orientent les destins migratoires des ruraux et pourrait expliquer l’attraction qu’exerce Montréal alors que d’autres pôles migratoires lui font concurrence, aux États-Unis de même qu’ailleurs au Québec.
Pour répondre à ces questions, cette communication adopte une approche microsociale fondée sur l’analyse attentive d’un groupe de migrants, devenus Montréalais au milieu du 19e siècle, et de leur famille d’origine. Des recherches antérieures nous ont permis de documenter les parcours migratoires de 30 marchands de « dry goods » présents dans le Vieux-Montréal entre 1850 et 1880. La majorité de ces hommes se sont dirigés vers la ville sans leur famille, pour y être initiés au commerce et y faire carrière. Quelle était leur situation familiale lors de leur départ? Pourquoi ces hommes, pour la plupart relativement jeunes lors de leur migration, ont-ils quitté parents et fratrie? L’analyse comparée des expériences socioprofessionnelles et migratoires de leurs parents et fratrie nous permet de mieux comprendre leur parcours tout en fournissant des pistes susceptibles d’éclairer les dynamiques migratoires à l’œuvre dans le Québec d’alors.