Résumé
Marie-Michèle Doucet
Nicolas Chassé
Le 6 février 1932 s’ouvre au siège de la Société des Nations à Genève la Conférence pour la réduction et la limitation des armements. À l’échelle internationale, les militantes pour la paix estiment que le moment est venu de travailler activement à mobiliser l’opinion publique dans leurs pays respectifs. De toutes les actions entreprises par ces femmes autour de la Conférence pour le désarmement, la pétition internationale mise en circulation par le Comité du Désarmement créé par les Organisations féminines internationales (CDOFI) entre 1930 et 1932 dans plus de 56 pays est, sans aucun doute, la plus impressionnante. En quelques mois à peine, elles purent récolter plus de 6 millions de signatures individuelles dans le monde entier. Selon le Rapport officiel des déclarations et des pétitions présentées par le Comité du désarmement, le Canada, avec ses 491 060 signatures, arrive au cinquième rang mondial. Au Canada, c’est à la toute nouvelle section nationale de la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté (LIFPL) que revient la tâche d’organiser la circulation de la pétition à travers le pays. Si les femmes du centre et de l’ouest du pays militent activement en faveur du désarmement, celles du Québec brillent par leur silence. En effet, aucun rapport de la section canadienne de la LIFPL ne fait mention de femmes québécoises. Cantonné dans les provinces de l’ouest et du centre du pays, le mouvement est largement anglophone. De façon générale, les associations féminines pour la paix semblent avoir eu du mal à imposer fermement leur présence à l’est de Montréal durant cette période. Mais cela signifie-t-il que les femmes québécoises ne s’intéressaient pas aux questions de guerre et de paix? Cette communication a pour objectif de s’interroger sur l’absence des femmes québécoises dans les associations nationales pour la paix durant l’entre-deux-guerres et de démystifier leur silence sur les enjeux de paix et de désarmement.