Claudèle Richard
Déchets obstruant les trottoirs, accroissement des distances à parcourir pour transporter les ordures vers les dépotoirs… Ce refrain revient régulièrement dans les médias, confrontant les Montréalais du 21e siècle à la crise environnementale causée par notre société de consommation. Or, ces enjeux de mobilité liés aux ordures furent d’actualité dès le 19e siècle, et cette présentation établira des parallèles entre ces deux époques afin d’en favoriser la compréhension. Si quelques chercheurs effleurent le sujet (p. ex. Goubert, 2001; Fougères, 2012), les historiens de l’hygiène publique, de l’environnement et des infrastructures ont surtout abordé les conséquences de l’abondance de déchets sur la santé publique de Montréal (p. ex. Tétreault 1983; Gaumer et al., 2002). Cette communication illustrera donc comment la présence et la gestion des ordures influencent la mobilité et l’aménagement du territoire montréalais entre le début du 19e siècle et 1920, mais aussi comment ce même territoire impose des contraintes au transport des déchets. En s’appuyant sur l’approche STS (science, technologie, société) et sur des sources provenant principalement des archives municipales de Montréal et de journaux d’époque, la présentation montrera que l’accumulation de déchets sur la voie publique entrave la circulation des gens et des marchandises. Elle abordera également les solutions urbanistiques et législatives adoptées par l’administration municipale afin de contrer ce problème, solutions qui n’évoluent pas aussi rapidement que la ville elle-même, alors en pleine croissance géographique et démographique. Enfin, elle s’attardera aux contraintes et avantages du transport par traction animale des détritus, qui commandent la planification des réseaux de collecte.