Résumé
On retrouve traces de soutien aux familles de soldats depuis l’aube de l’histoire : Égypte antique, Grèce hellénistique, Rome républicaine, etc. Il y eut d’abord des compensations en nature, puis des versements défalqués des soldes, enfin des allocations financées par le trésor public. Le Canada confédéral est confronté dans une mesure limitée à cette réalité en 1869-1870, mais davantage lorsqu’il devient responsable de la troupe en 1885. Il n’est pas prêt, d’où l’ordonnance de 1887 prévoyant des allocations aux familles des mobilisés d’une future force expéditionnaire. La mesure est testée en 1900, avec effet rétroactif à 1899, auprès des familles des volontaires pour l’Afrique du Sud. Les directives sont alors mal suivies et les plaintes nombreuses. Les problèmes seront progressivement résolus, notamment par la standardisation des solutions fruit d’une nouvelle jurisprudence administrative.
Au début de la Grande Guerre, les familles devaient être soutenues par un régime mixte privé (fonds patriotique canadien, formule héritée de la guerre de Crimée de 1854-1855, et étudié par Desmond Morton) et public (trésor fédéral). En réalité, dès 1915, les fonds viennent surtout de l’État, et presque entièrement du fédéral dans la deuxième partie de la guerre. Intégrant les leçons des campagnes précédentes et de la guerre en cours, les services de la paye arriveront en 1915 à un recueil de règlements qui, mutatis mutandis, servira jusqu’à 1947, avec lui aussi sa jurisprudence administrative. Ceci n’est pas sans lien avec la croissance colossale des transferts sociaux de l’époque. La documentation utilisée, imprimée et archivistique, est presque totalement inédite.