Résumé
Hubert Lemieux
L’expédition navale conduite en 1711 par l’amiral Hovenden Walker en direction de Québec a marqué l’esprit de ses contemporains. La nouvelle de son échec, célébrée en Nouvelle-France, causera un retentissant scandale en Grande-Bretagne. Malgré l’importance que revêt ce naufrage dans la mémoire collective de l’époque, l’historiographie s’est très peu attardée à cet épisode, si l’on excepte son rappel anecdotique dans le contexte plus large de la seconde guerre intercoloniale et de la guerre de Succession d’Espagne. Le principal ouvrage des dernières décennies traitant de l’expédition Walker (Adam Lyons, 2013) offre une réinterprétation du fil des événements à partir d’un large corpus de sources, mais n’exploite qu’en surface les récits consignés dans les journaux de bord (logbooks) des officiers de la flotte. Dans le cadre de cette communication, nous proposons de nous pencher plus attentivement sur le contenu de ces « chroniques navales » pour tenter d’éclairer la manière dont se sont construits les premiers récits du naufrage, dans les jours qui suivent la tragédie. Nous verrons en quoi ces premiers témoignages recoupent ou diffèrent de la trame que Walker propose dans son journal d’expédition publié en 1720, laquelle s’impose dans l’historiographie depuis le 19e siècle.