Résumé
L’ensemble des mouvements sociaux et politiques durant le long du 19e siècle haïtien jusqu’à la période de l’occupation américaine en 1915 ont été menés par des groupes de paysans. Ces derniers, issus majoritairement des anciennes communautés maronnes, ont développé à travers le système de contre-plantation une opposition constante au pouvoir colonial des dirigeants. Ce refus catégorique de se soumettre aux servitudes économiques ou de maronner les conditions sociales et politiques de la monoculture imposée se manifestait à travers d’autres formes de résistance avec l’adoption de la polyculture vivrière, de la langue créole, de la religion vaudou, du travail collectif pour mettre en valeur leurs terres. Institués en des formes communautaires de solidarité, ces paysans contestataires ont construit leur autonomie et leur souveraineté dans les structures villageoises comme proposition d’une vision alternative de société. Dans cette communication, je compte faire ressortir à partir d’une approche sociohistorique la mémoire enchainée voire occultée concernant l’idéal social, politique et économique envisagé par ces paysans contestataires.