Résumé
Les études menées jusqu’à présent sur le tournant néolibéral au Québec ont surtout analysé le rôle joué par l’État, notamment à travers des mesures législatives et économiques. Alors que les syndiquées du secteur public ont été les premières cibles des politiques néolibérales au cours de la décennie 1980, leurs voix ont été peu entendues jusqu’à aujourd’hui. Or, leurs mémoires offrent un point de vue inédit sur cette transition, notamment quant au déploiement des réformes dans la vie quotidienne. La réalisation et l’analyse de 25 entretiens avec des travailleuses de l’éducation et de la santé ont révélé les nombreux bouleversements rencontrés dans leurs conditions de travail, leur identité professionnelle et leur vie personnelle. Cette communication vise à montrer, avec l’apport des sources orales, en quoi le tournant néolibéral a déstabilisé les diverses formes de travail salarié et gratuit des femmes, contribuant par le fait même à exacerber une «crise de la reproduction sociale».