Thomas Levesque
Entre 1975 et 1985, le Québec accueille des milliers de Vietnamiens. Parmi les 20 000 Vietnamiens résidant au Québec en 1991, environ 500 habitent les Cantons de l’Est (Statistique Canada, 1991). Cette présence régionale – quelques années avant les politiques officielles de régionalisation de l’immigration – est digne d’intérêt. D’ailleurs, la présence immigrante, de nos jours, est particulièrement valorisée dans les cantons de l’Est. Dans sa Politique pour une Ville accueillante et inclusive, Sherbrooke se présente effectivement comme une « terre d’accueil » dont l’engagement en immigration s’inscrit dans la tradition.
Mais cette tradition d’ouverture était-elle présente lors de l’accueil des réfugiés vietnamiens? Le film Ru (2023), adapté du roman de Kim Thúy, semble corroborer cette affirmation pour la ville de Granby. Ce sont toutefois les quotidiens de l’époque qui nous intéressent. Les villes de Sherbrooke et de Granby y apparaissent-elles, entre 1975 et 1985, comme des milieux ouverts et accueillants pour les Vietnamiens? Y a-t-il une évolution? Quelles en sont les manifestations? La mise en avant d’initiatives citoyennes, associatives et municipales ainsi qu’un positionnement favorable face à cette immigration dans les colonnes des journaux en sont des indices. En suscitant la sympathie ou en demandant le soutien de la population, les quotidiens peuvent également renforcer la participation à la collecte de dons, aux programmes de parrainage et à d’autres initiatives locales (Beiser, 1999; Molloy et al., 2017). La Tribune (Sherbrooke) et La Voix de l’Est (Granby) nous permettront de confirmer, de nuancer ou d’infirmer l’imaginaire populaire.