Résumé
En 1933, l’artiste italien Guido Nincheri peint une fresque dans une église italienne de Montréal, Notre-Dame de-la-Défense, dans laquelle, parmi les représentations de saints, d’anges, du pape Pie IX et de membres du clergé, le dictateur italien Benito Mussolini figure assis sur un cheval, flanqué des hiérarques fascistes Italo Balbo, Michele Bianchi, Emilio De Bono et Cesare Maria De Vecchi. Quelques années après, en 1940, avec l’entrée en guerre de l’Italie fasciste aux côtés de l’Allemagne nazie, quelque 31 000 Italo-Canadiens, sont déclarés « étrangers ennemis » par le gouvernement fédéral. Près de 700 personnes d’entre eux sont arrêtés et emmenés dans des camps d’internement, une véritable suspension de leurs droits civiques. À cause du traumatisme de l’internement, particulièrement pour la communauté italienne au Québec, les mémoires du fascisme et de l’internement sont incompatibles. La mémoire et la commémoration de l’internement ont «effacé» la mémoire de la période du fascisme, sur laquelle la communauté préfère entretenir le silence ou des récits romantiques. Pourquoi encore aujourd’hui fait-on face à cette opposition? Pourquoi ce décalage entre l’histoire et la mémoire collective? Comment la communauté aborde-t-elle les silences et confronte-t-elle les récits acceptés qui continuent d’être utilisés comme justifications et déviations? En éclairant les détails les plus importants qui se cachent derrière ces récits, nous discuterons à la fois du passé et du présent tout en réfléchissant aux moyens de dépasser les silences.