Résumé
Fondée en 1835, la Société allemande de Montréal a pour objectif d’aider les personnes d’origine germanique dans le besoin. Sa création donne un caractère officiel à l’assistance entre individus allemands, à un moment où l’immigration s’accroît considérablement au Bas-Canada. Cette communauté n’a pourtant pas attendu ce moment pour se constituer en réseaux familiaux, professionnels, sociaux et culturels. Ceux-ci existent déjà au 18e siècle, comme le prouve la lignée du juge et seigneur Jonathan Saxton Campbell, petit-fils de Josias Würtele, un Allemand arrivé dans la Province de Québec dans les années 1780. Ces faits nous amènent à nous questionner quant à l’ancienneté de la présence germanique. Outre quelques travaux abordant le passé de ces populations sous le Régime français (Grenier, Lehmann), les spécialistes se sont surtout penchés sur l’histoire des troupes auxiliaires allemandes venues au moment de la Révolution américaine (Wilhelmy, Desrochers, Crégheur). Contrairement à l’immigration militaire, l’immigration dite «libre» demeure sous-représentée. Retracer le parcours de la lignée Eckart-Würtele permettra de mieux connaître les stratégies et les réseaux de ces premiers allemands venus au Canada. En traitant de la vie de Jonathan Eckart, nous étudierons l’arrivée de l’un d’entre eux au milieu du 18e siècle. En nous penchant sur le cas de Josias Würtele, nous examinerons son intégration aux réseaux canadiens constitués par son oncle, et la façon dont ceux-ci l’ont aidé à acquérir ses propriétés foncières. En analysant la pluriactivité économique de son fils aîné Jonathan, nous détaillerons sa gestion du territoire seigneurial de Rivière-David au 19e siècle.