Résumé
Olivier Chiasson-Losier
Les travaux d’André Lachance, de Louise Dechêne et d’Éric Wenzel nous ont donné un aperçu de l’exercice du pouvoir en ville, dans les campagnes et dans les Pays d’en haut. Le défi est toutefois d’observer comment l’autorité se déploie sur le terrain, à défaut de disposer de sources qui présentent les mouvements de ceux qui sont chargés de l’exercer. Vers la fin du Régime français, le Conseil de guerre de Montréal systématise la poursuite des déserteurs au moyen d’un processus qui nous permet de suivre le trajet des patrouilles avec précision. Conservés dans le fonds d’archives TL4 (Juridiction royale de Montréal) des Archives nationales du Québec à Montréal, les procès pour désertion sont nombreux et permettent d’avoir accès à une multitude d’informations. Standardisés, les procès contiennent généralement une plainte d’un lieutenant ou sergent détaillant la désertion d’un ou de plusieurs soldats, un ordre de poursuite par le gouverneur, une description physique des déserteurs et un ou plusieurs rapports de poursuites. Ces quatre documents nous offrent la possibilité d’analyser et de comprendre plusieurs éléments de la justice : les stratégies de poursuites, la planification du contrôle de l’espace de la juridiction et la circulation des personnes poursuivantes et poursuivies. Cette communication entend s’interroger sur la spatialisation de la justice et de l’administration coloniale, des champs de recherche encore mal connus en histoire de la Nouvelle-France. Tout en s’appuyant sur une cartographie numérique du territoire et des parcours des chasseurs de déserteurs, cette communication se veut également une occasion d’explorer les stratégies de circulation dans le gouvernement de Montréal.