Résumé
Laetitia Deudon
L’espace fluvial laurentien constitue, depuis le premier empire colonial, un espace d’interconnexions, de circulation et d’échanges entre le monde atlantique et les eaux intérieures (Cartier, 2002). Afin d’améliorer la navigabilité du fleuve, les premiers projets de canaux ont vu le jour sous le Régime français (Furst, 2019). Le réseau de canaux du Saint-Laurent s’est structuré progressivement sous l’impulsion du gouvernement, des élites marchandes et des ingénieurs britanniques qui transposent et adaptent leur expertise en matière d’hydraulique et de transport sur ce territoire « neuf », où les grosses infrastructures fluviales sont progressivement aménagées. L’amélioration du réseau de voies navigables a favorisé les échanges et catalysé le commerce impérial entre le Canada et la Grande-Bretagne (Clifford et Dagenais, 2019). De surcroît, la navigation a été un moteur de l’industrialisation et de l’urbanisation massive du territoire, en créant un nouvel espace fluvial en étroite relation et interdépendance avec l’espace urbain. Entre autres, l’aménagement du canal de Lachine a profondément reconfiguré le territoire montréalais, et a contribué à son expansion géographique de la ville à l’île (Linteau, 2017). Rapidement obsolète, la première génération de canaux est renouvelée par le creusement des canaux de Soulanges et de Beauharnois, puis par l’agrandissement du canal de Lachine (1843-1848, 1875-1883).
Il s’agira dans un premier temps de faire un point sur l’historiographie des canaux en les réinscrivant dans une approche de longue durée pour aborder, dans un deuxième temps, l’étude des transferts des techniques hydrauliques adaptées par les ingénieurs et les transformations environnementales des canaux du Saint-Laurent sous l’influence française, britannique et américaine.