Résumé
Après la Shoah en Europe et la décolonisation en Afrique, on assiste à une vague d’émigration juive d’Afrique du Nord vers le Canada qui se poursuit jusqu’aux années 1960 et 1970. La plupart de ces juifs et juives choisissent le Québec comme destination. Dans cette communication, j’explore la relation complexe entre la langue et la religion à travers les entretiens que j’ai effectués avec les participants de ma recherche à Montréal. Ma présentation se divise en trois parties. Dans la première, je montre comment les juifs d’Afrique du Nord de première génération ont formé leur identité face à leur rencontre avec la culture franco-québécoise post-catholique après leur arrivée au Canada. Dans la deuxième partie, je discute des juives et juifs ashkénazes dont l’identification linguistique et religieuse m’a aidé à contextualiser l’évolution de la formation de l’identité complexe des juifs d’Afrique du Nord au Québec. La troisième partie porte sur la dimension générationnelle, qui m’a amenée à faire la distinction entre l’interculturalisme québécois et le multiculturalisme montréalais. Basé sur la méthode des récits de vie, le corpus qualitatif comprend 19 individus issus de l’immigration et de différentes générations habitant à Montréal et Toronto. Leurs témoignages permettent une analyse approfondie de la complexité de leurs expériences à travers le rapport majorité-minorité, la mémoire et les relations interjuives. Cette communication fait état d’une partie des résultats de ma thèse doctorale.