Thomas Wien
Des conversations entre personnes d’arrivée récente et personnes domiciliées font partie du bruit que produisent les migrations humaines. L’essentiel de ces échanges échappe à la recherche historique. Il n’est pas inintéressant, pourtant, de tendre l’oreille. La communication proposée cherche à étudier les dialogues qui se nouent entre nouveaux venus d’Europe (les sources privilégient les hommes, ô surprise) et leurs interlocuteurs coloniaux (idem), dans la vallée laurentienne ou alentour, sous le Régime français. L’enquête possède deux versants. Dans un premier temps, il s’agira de dépister les traces de tels dialogues dans des documents variés : où et sous quelles formes ces bribes de conversation logent-elles dans le legs écrit de la période? Comment l’écrit aspire-t-il l’oral, entre la citation, l’allusion et la suppression? Ensuite, la communication s’intéressera aux sujets typiques de ces conversations. Ce, dans un esprit vaguement latourien, en s’interrogeant sur l’expression, la transmission et la transformation d’éléments de savoirs locaux. Peut-être sera-t-il possible de saisir certaines règles du jeu conversationnel et documentaire dans ce contexte colonial. Entre le « on-dit » et le non-dit.