Résumé
Sous fond d’instabilité politique, le médecin de campagne et ancien ministre de la Santé François Duvalier parvient à la présidence d’Haïti le 22 septembre 1957. C’est le début d’une dictature héréditaire – marquée par la suppression de la presse, les exécutions sommaires et diverses formes de violences étatiques – qui perdure jusqu’en février 1986 avec la chute de son fils Jean-Claude Duvalier. L’une des nombreuses retombées de cet état de fait est la création, dès la seconde moitié du 20e siècle, de plusieurs communautés diasporiques haïtiennes à l’étranger, notamment au Québec, à Montréal. Si, depuis leur exil, certains Haïtiens pendant les années 1960, 1970 et 1980 œuvrèrent activement à dénoncer le régime dictatorial à travers la mise en place d’organisations et de revues éphémères, aujourd’hui, cette population semble divisée devant l’héritage du duvaliérisme. Au moment où l’insatisfaction générale et le sentiment d’impuissance devant la situation politique difficile en Haïti laissent place à des discours faisant l’apologie de l’ancien régime de Duvalier père et fils, notre communication propose d’étudier comment, entre 1964 et 2014, la mémoire collective du duvaliérisme s’est tissée au sein de la population haïtiano-québécoise. En mettant en exergue documents manuscrits et enquête orale, nous cherchons à faire état de la manière dont, dans différentes conjonctures historiques entre le Québec et Haïti, cette population, marquée par son hétérogénéité, a articulé diverses visions de la dictature en Haïti.