Sandrine Hallion
Les grands-parents paternels de Paul Cenerini, originaires d’Italie, s’établissent dans la petite paroisse de Notre-Dame-de-Lourdes au Manitoba en 1909; son grand-père maternel, originaire de la Vendée en France, y arrive quelques années plus tôt, en 1902. À l’écoute de deux entretiens semi-dirigés avec Paul Cenerini (2008 et 2016), on constate la persistance de liens affectifs, culturels et identitaires avec les pays de ses ancêtres. Ces liens se dégagent de son récit de l’histoire familiale et de celui de son parcours individuel, et ils participent de manière importante à la construction d’un discours sur soi.
Dans un premier temps, je présenterai brièvement les conditions de collecte des récits de Cenerini. M’intéressant tour à tour au « là-bas » européen et à l’« ici » manitobain, je ferai dans un deuxième temps une mise en contexte de la migration de ses ancêtres, qui s’inscrit dans le mouvement de la grande migration transatlantique. J’examinerai ensuite la manière dont les lieux de l’origine ancestrale sont imaginés et vécus par lui, et comment ils façonnent sa propre appartenance ainsi que l’identité qu’il revendique. Enfin, je chercherai à identifier les facteurs qui favorisent le maintien des liens transnationaux chez Paul Cenerini et je m’interrogerai sur leur avenir pour les générations suivantes.