Résumé
Dans les années 1790, le riche marchand et seigneur Joseph Drapeau (1752-1810) a fait l’acquisition de plusieurs seigneuries dans le Bas-Saint-Laurent, dont celle de Rimouski. Drapeau s’est imposé dans la région en dépossédant de vieilles familles seigneuriales qui étaient en déboires administratifs et financiers, comme les Lepage. Il a fait face à de nombreuses contestations en provenance des coseigneurs et membres de la famille Lepage ainsi que de la population locale. Joseph Drapeau a administré ses propriétés foncières dans la perspective du profit capitaliste. Il a été capable d’imposer ses intérêts économiques sur la région en dépit de la forte désapprobation à son égard. De nos jours, plusieurs éléments commémoratifs portent les noms de ses filles, qui ont été seigneuresses jusqu’à l’abolition du régime seigneurial en 1854. Parmi ces endroits, nous retrouvons la municipalité de Sainte-Luce et le village de Luceville, la halte Luce-Gertrude Drapeau, le village de Sainte-Flavie dans laquelle se retrouvent la Place Sainte-Flavie et la route Flavie Drapeau. La plaque commémorative de Luce-Gertrude Drapeau, par exemple, évoque une gestion bienveillante envers les censitaires. Dans cette communication, nous examinerons le rôle joué par certaines instances légitimantes issues du colonialisme, tel que le régime seigneurial, l’État et la Coutume de Paris, dans l’imposition de pouvoirs économiques et sociaux de Joseph Drapeau. De plus, notre analyse confrontera les documents historiques impliquant des oppositions à ce pouvoir, tant sous le règne que Joseph Drapeau que des «Dames Drapeau», et les éléments relatifs à la place qu’occupe de nos jours leur mémoire magnifiée.