Résumé
Maude Flamand-Hubert
Cette communication propose d’explorer la production des discours et des représentations sur le règne végétal au Bas-Canada durant la première moitié du 19e siècle. Nous mettrons en perspective deux corpus de sources, soit un échantillon de carnets d’arpentage et l’Acte pour remédier plus efficacement à divers abus préjudiciables à l’amélioration de l’Agriculture, et à l’industrie… de 1824 ainsi que ses reconductions et amendements subséquents. L’étude parallèle de ces deux corpus met en relief des phénomènes à la fois contradictoires et complémentaires qui témoignent des efforts de définition et de régulation des espèces végétales déployés par les autorités coloniales. D’une part, la lecture des carnets et rapports d’arpentage permet une incursion dans les activités d’exploration et de description du territoire non habité. Par leurs déplacements sur le territoire, les arpenteurs interprètent des paysages encore méconnus dans l’objectif d’identifier les meilleures options de mise en valeur économique en fonction de la disponibilité des bois ou de la qualité des sols pour l’agriculture. D’autre part, l’analyse des différentes versions de la loi permet de saisir la relation à certaines espèces végétales considérées comme nuisibles et dont il faut éviter la dispersion hors des limites de la propriété, ou d’autres à protéger des méfaits causés par l’intrusion d’autrui. L’étude de ces deux corpus met en perspective deux phénomènes concomitants par lesquels s’élaborent des discours et des représentations révélateurs de la transformation des rapports sociaux au monde végétal dans la première moitié du 19e siècle.