Résumé
Cette communication interroge l’évolution des modes de représentation du passé dans la fiction historique télévisuelle québécoise au cours des trente dernières années. Le caractère historique de la fiction touche à la mémoire collective à travers un imaginaire national (re)construit selon l’époque. Plus accessibles que les écrits scientifiques produits par des historiens professionnels, ces œuvres ouvrent la porte à une histoire populaire qui imprègne la société. Ces discours sont eux-mêmes produits par des auteurs.trices, producteurs.trices et réalisateurs.trices issus d’un groupe et qui s’adaptent aux divers changements sociaux et aux préoccupations du moment. L’intégration d’une vision postcoloniale du patrimoine autochtone, la transformation du mythe matriarcal ainsi que l’apparition de nouvelles représentations de pratiques liées à la sphère féminine (techniques abortives, contraception, rituels de beauté, etc.) dans les séries après 2000 démontrent l’impact des différentes mouvements sociaux sur les représentations historiques et les rapports mémoriels Depuis les années 1990, la transformation du paratexte sériel renouvelle aussi les moyens de diffusion de connaissances historiques et réintègre les bases d’un folklore québécois atténué à l’écran. Ces productions culturelles évoquent un sentiment nostalgique, mais heurtent les sensibilités contemporaines, comme en témoigne l’arrivée de la télésérie Les filles de Caleb sur la plateforme numérique Netflix. Ces cas de figure invitent à réinterroger les référents identitaires et à (re)jouer le passé.