Résumé
Kim Gladu
Madeleine Savart
Au début du 18e siècle, la presse périodique européenne diffuse des nouvelles de la cour, de l’Europe et des colonies, notamment de Nouvelle-France. Dans ce corpus, le Mercure Galant se distingue des autres gazettes : ces dernières « proposent une succession de nouvelles juxtaposées sans commentaire ni transition, ordonnancées dans des rubriques géographiques selon leur lieu de provenance », tandis que les éditeurs du Mercure Galant reproduisent, partiellement ou in extenso, les relations à la première personne qui leur sont transmises. Là où les gazettes n’ont pas pour fonction « de publier des analyses et une interprétation des faits », le Mercure galant rapporte discours et témoignages historiques subjectifs : de 1701 à 1711 y sont ainsi publiées onze lettres intitulées « Relations de Canada » qui semblent le fait d’un seul auteur. Cette communication se penchera sur ce corpus pour envisager comment le narrateur y construit un contre-discours à celui des gazettes qui circulent en Europe et en Nouvelle-France.
Signalant la fausseté des « nouvelles faites à plaisir » publiées par les gazettes d’Angleterre ou de Hollande, l’auteur de ces lettres se pose en détenteur d’une vérité historique. Nous souhaitons ici analyser comment se construisent des régimes de vérité distincts dans des scénographies énonciatives aussi différentes que la relation viatique épistolaire, empreinte de dynamiques fictionnelles voire romanesques, et le discours factuel mais sélectif des gazettes.