Simon Fortin Dupuis
Reliant capitale et métropole, le chemin du Roy permet de faire voir et de faire vivre l’ancienneté et la francité d’un Québec idéalisé. L’étudier, c’est donc transcender la matérialité de la route et accéder au registre des discours qui sous-tendent sa symbolique.
Au cours du 20e siècle, l’histoire de la construction du chemin du Roy est racontée de cent façons différentes. Même sans changement majeur dans le corpus des sources disponibles, l’évolution de deux « moteurs » – la technologie et l’idéologie – amène une transformation progressive des récits. Ceux-ci, ancrés dans des représentations de la mobilité, témoignent de l’interrelation entre moyens de transport et identité.
L’étude de cette dynamique demande, dans un premier temps, d’établir une histoire du chemin du Roy fondée sur une revue de l’historiographie, des travaux pionniers de Roland Sanfaçon en 1956 jusqu’à ceux de Manon Bussières en 2009, et de nouvelles interprétations des traces documentaires laissées par la construction de la route. Ce récit, basé sur une démarche scientifique, permet de mettre en évidence, dans un second temps, les variations de sens qui se produisent dans la façon de raconter l’histoire du chemin du Roy durant tout le 20e siècle. Ces changements montrent comment l’identité québécoise supplante progressivement les identités locales en corollaire du développement d’idées politiques et de l’automobilisme.
Cette communication s’appuie principalement sur notre mémoire de maîtrise (2024) et a pour principal objectif de démontrer que l’infrastructure (l’immobile) compte tout autant que les modes de transport et qu’en ce sens elle mérite que les historien.ne.s québécois.es s’y intéressent.