Résumé
À partir d’un corpus de 31 journaux du secondaire, cette communication propose une incursion dans les coulisses d’élections étudiantes d’écoles francophones catholiques publiques du Québec (de Hull à Lac-Mégantic, en passant par Arvida, Thetford Mines et Granby) entre 1956 et 1982. Ce cadre temporel correspond au déploiement d’un syndicalisme étudiant au secondaire. Il permet en outre de mesurer l’impact du passage de la mixité scolaire (établie en 1964 au Québec) sur la composition des conseils étudiants. Si les instances éducatives entendent faire des élèves des citoyens participant activement à la démocratie, nos travaux suggèrent que les espaces de participation politique offerts à l’école peuvent aussi avoir l’effet inverse. Nous verrons entre autres que des considérations liées au genre, à l’âge, au milieu socioéconomique et aux performances scolaires des élèves (pour ne retenir que les dimensions relevées dans leurs journaux) semblent conditionner l’exercice «démocratique» menant à la formation du conseil étudiant. Sur la base de nos analyses, nous avançons que, selon les cas, ces expériences vécues à l’école aideront au développement d’attitudes de participation et au sentiment de pouvoir influencer sa société ou alimenteront le cynisme envers la politique, un sentiment d’impuissance et la conviction que le groupe dominant exerce toujours le pouvoir pour son profit. À travers l’analyse de récits passionnés d’élections scolaires et de discours électoraux de jeunes candidat.e.s, cette communication propose un regard novateur sur la socialisation politique des élèves, de même que sur l’évolution de la culture politique au Québec.