Résumé
Hygiène et soins de santé évoluèrent lentement dans la première moitié du 19e siècle. Jusqu’à la découverte des germes, de l’asepsie et de l’antisepsie, la médecine n’était pas très efficace, et face à son impuissance (et à son coût) les gens concoctaient leurs propres remèdes ou se tournaient vers diverses panacées commerciales, certaines agressivement promues dans les journaux. Simultanément se répandit un nouveau discours alliant propreté et santé, qui parallèlement à de nouvelles modes (longueur de cheveux, port de la barbe, etc.) et à de nouvelles règles de bienséance entraîna de nouvelles pratiques d’hygiène corporelle. Celles-ci semblent s’être diffusées des milieux aisés vers les classes modestes, et des villes vers les campagnes. Jean-Pierre Hardy a par exemple noté l’apparition de nouveaux produits pour l’hygiène corporelle dans les annonces des marchands dans les journaux (brosses à dents, savons et savonnettes de fantaisie, etc.), en même temps que la rareté de ceux-ci dans les inventaires, surtout dans ceux des personnes de condition modeste.
À la campagne, le magasin général était le lieu où la plupart des gens se procuraient ce qu’ils ne pouvaient ou ne voulaient pas produire ou confectionner eux-mêmes. Cette communication, utilisant une douzaine de livres de compte de sept magasins dans quatre localités bas-canadiennes entre 1809 et 1868, identifie les articles d’hygiène et remèdes qui étaient disponibles et l’intérêt de la population pour ceux-ci (proportion de clients et valeur des ventes). La variété de ces produits (hygiène et médicaments) augmenta au cours de la période, mais leur pénétration fut lente, et les savons, analgésiques, laxatifs et vermifuges restèrent les produits les plus fréquemment achetés.