Résumé
Dorothée Perron
Dans la foulée de la Révolution tranquille, une partie de la jeunesse québécoise issue de la génération des baby-boomers intègre le mouvement culturel contestataire venu des États-Unis nommé la « contre-culture ». Remettant en question l’ordre établi d’une société jugée contraignante, les hippies québécois visent, dès les années 1967, la création d’un monde alternatif où les valeurs d’égalité, de liberté et d’authenticité primeraient. Dans cette volonté de se mettre à l’écart du système dominant, bon nombre d’entre eux choisissent d’intégrer des communes rurales, milieux de vie alors largement mis en avant par le mouvement contre-culturel. Pour les femmes, les communes hippies représentent un environnement privilégié pour s’émanciper de plusieurs systèmes d’oppression. Elles font notamment la promotion de la liberté sexuelle et peuvent agir à titre de substitution à la famille nucléaire traditionnelle.
La présente communication vise à exposer les différentes raisons pour lesquelles les femmes hippies québécoises intègrent les communes contre-culturelles, et à présenter ce choix comme un acte d’agentivité. L’expérience de ce groupe marginalisé étant encore peu abordée dans le contexte du Québec, l’histoire orale nous permet d’accéder à la réalité des femmes hippies québécoises et aux motivations derrière leur volonté de vivre en commune. Pour quelles raisons les femmes choisissent-elles d’intégrer une commune hippie? Dans quelle mesure ce milieu de vie leur permet-il une plus grande liberté de choix et d’action? Nous répondrons à ces questions en nous appuyant principalement sur un corpus de neuf entrevues orales réalisées dans le cadre de notre recherche à la maîtrise, réalisées avec des actrices qui ont vécu dans des communes québécoises entre 1973 et 1987.