Edouard Baraton
Depuis les années 1960, la recherche historique (dans les travaux de Claude Bonnault, Claude Galarneau, Roch Legault, Robert Larin et Jean François Ruggiu, notamment) a mis en avant les circulations persistantes entre la France et son ancienne colonie canadienne après la séparation intervenue en 1763.
Parallèlement, les études portant d’une part sur la structuration de l’appartenance nationale française (Peter Salins, Pierre Berté, Patrick Weil) et d’autre part sur la contribution des colonies à cette construction (Cécile Vidal, Gilles Havard, Vanessa Mongey, Gerald Sims ou Julie Vernet), y compris au-delà des séparations politiques, ont progressé.
La rencontre entre ces deux champs permet de réenvisager les modalités, les formes et le sens des liens entre le Canada et son ancienne métropole durant les quatre décennies qui suivirent le traité de Paris de 1763. C’est une manière de faire dialoguer le Canada avec d’autres espace dans une démarche d’histoire croisée et connectée.
Nous envisagerons ici la position juridique des Canadiens après la Cession et les usages qu’ils en firent, sans lesquels les circulations identifiées par les historiens du Canada français auraient été impossibles. Cela nous permettra d’identifier de quelle manière les Canadiens ont pesé sur la forme que prit alors la nationalité française, notamment à l’égard des habitants des territoires perdus, avec des conséquences durables dans l’espace français.