Résumé
Jusqu’en 1674, le gouverneur général de la Nouvelle-France préside le Conseil souverain, organe judiciaire premier de la colonie française d’Amérique institué en 1663. En poste depuis deux ans au moment où la monarchie décide de cette réorganisation juridico-administrative, Frontenac est-il responsable de sa propre éviction, donc de celle de ses successeurs, au profit de l’intendant? Ou bien la restriction des compétences des gouverneurs coloniaux au domaine militaire s’inscrit-elle dans une logique d’administration coloniale, voire dans des problèmes de compétence entre magistrats convaincus de leurs relations privilégiées avec Thémis face à un gouverneur non formé à la « vraie science du prince », entendons la justice? On sait pourtant que jusqu’à la fin de la colonie en 1763, les gouverneurs vont continuer de s’investir dans certaines affaires judiciaires, notamment lorsqu’il s’agit de procès mettant en cause des justiciables des Premières Nations. Cette communication se propose d’étudier, à travers les archives du Conseil souverain puis supérieur (procès civils et criminels), l’investissement de Frontenac dans les questions de justice, lors de son premier passage au Canada, mais également lors de son retour dans la colonie en 1689.