Résumé
La figure de Louis Riel est sujette à des récupérations multiples: père de la Confédération pour les uns, traître pour les autres, il s’agit de l’un des acteurs historiques aux mémoires les plus débattues. Le personnage occupant une place centrale dans la psyché canadienne contemporaine, les monuments en son honneur sont nombreux — et souvent controversés. Comment représenter une figure historique si complexe et au legs si contesté dans les perceptions populaires?
Dans le dernier tiers du 20e siècle, trois monuments ont illustré ces enjeux mémoriels. À Regina, une statue de Louis Riel érigée en 1968 a fait l’objet de critiques acrimonieuses avant d’être retirée en 1991. À Winnipeg, un monument installé à proximité de l’Assemblée législative en 1970 représentant Riel de manière abstraite et christique a été remplacé par une statue représentant Riel comme un homme d’État en 1996 au terme d’une longue controverse. Enfin, au tournant du 21e siècle, un projet de loi visant à ériger une statue de Louis Riel sur la colline parlementaire à Ottawa est resté lettre morte, non sans causer de vifs débats.
À l’aide de ces trois cas d’étude, cette communication vise à explorer la malléabilité et la multiplicité de la mémoire de Louis Riel. Les intrications entre les mémoires du personnage, la facture artistique des statues et leur emplacement illustrent l’évolution de la mémoire de Louis Riel en fonction des lieux et des époques.